La guitare, une longue histoire
La guitare fait partie de la grande famille des instruments à cordes pincées répartis sur l’ensemble de la planète parmi lesquels on trouve des luths, Cavaquinho, Mandoline, bouzouki, balalaïka, harpe, clavecin… (la liste est longue, voir en bas de page).
Les techniques de jeu pour pincer les cordes sont diverses : avec les deux mains, avec une seule main, avec un plectre, directement avec les doigts, avec la pulpe du doigt ou avec les ongles… et dans le cas du clavecin, par l’intermédiaire d’un clavier. Ces choix techniques impactent considérablement le timbre et l’expressivité de l’instrument.
Notons aussi la nature des cordes : en métal pour certains, en boyaux pour d’autres (le boyau étant remplacé par l’emploi du nylon depuis l’arrivée des matières synthétiques au XXe siècle).
Origines
Si les origines étymologiques et morphologiques de la guitare restent floues, un point fait consensus : son berceau est en Espagne.
S’il est vrai que la porosité entre l’orient et l’occident existe à travers les échanges commerciaux et les croisades en Terre Sainte, la conquête et l’installation des Arabes dans la péninsule ibérique (en 711) semblent avoir joué le rôle de catalyseur, essentiel à l’émergence des instruments comme la Guitare, la Vihuela et le Luth occidental qui seront en usage au XVIe siècle. (La Reconquista est engagée quasiment dès le début de l’occupation arabe et représente un long processus qui s’étalera de 718 à 1492, ce qui laissa à la péninsule ibérique un “temps d’imprégnation”).
Un puzzle éparpillée
La tentative d’établir une hiérarchie et une chronologie dans l’évolution des instruments peut donner le tournis tant les variantes existent et s’exercent selon les lieux et les périodes où ils sont en usage (pour un même instrument, les variantes peuvent se jouer sur des éléments comme le jeu au doigt ou au plectre, le nombre de cordes, le choix du système de cordes simples ou doublées, voire un mix des deux…). Voici quelques-uns des instruments issus de la péninsule ibérique :
- La guitarra morisca, pratiquée entre le VIIIe siècle et le XVe siècle. Morphologie : manche sans frettes, corps ovoïdal et monoxyle (le corps et le manche étant construits d’une même pièce de bois).
- La guitarra latina qui apparaît au XIIIe siècle et continue de se développer jusqu’au XVIe siècle. Elle est jouée soit avec les doigts, soit avec un plectre (morphologie : corps en forme de huit ou de sablier, manche avec ou sans frettes et généralement montée avec des cordes simples -avec un nombre de cordes variables-).
- Le luth, ses origines remontent à l’Antiquité. Il est dérivé des Ouds arabes introduits en Europe à travers l’Espagne pendant la période de l’Al-Andalus. Le luth, sous ses formes médiévales, est bien documenté dès le XIIIe siècle et devient extrêmement populaire au cours du XVe et surtout du XVIe siècle dans toute l’Europe.
- La Vihuela apparaît vers la fin du XVe siècle en Espagne et au Portugal. Elle a été particulièrement populaire en Espagne durant la Renaissance (surtout au XVIe siècle) et a joué un rôle important dans la musique de cour espagnole avant de décliner au profit de la guitare baroque. (Morphologie : en forme de 8, manche fretté et cordes en boyau). La Vihuela et le luth de cette époque disposent d’un jeu de six “ordres” : 1er ordre : Corde simple (chanterelle) ; du 2e au 6e ordres : Paires de cordes (chœurs). Les cordes sont en boyau. Notons que le clavecin (et l’étendue de son clavier) n’existe pas encore et que les luth et vihuela sont alors les mieux disposés à la composition polyphonique par l’étendue des registres (graves-aigus) et l’amplitude harmonique (capacité à produire des accords). Luth et vihuela, privilégiés pour la composition, reçoivent une distinction particulière de l’élite aristocratique et des classes élevées.
- La Viola de mano est un instrument à cordes pincées de la Renaissance, dont la forme est proche de celle de la vihuela. Elle apparaît au début du XVIe siècle, principalement en Espagne et au Portugal. (Morphologie : son corps présente une silhouette en forme de huit, allongé, rappelant celle de la vihuela dont elle est contemporaine. Elle possède généralement six ordres (cordes) dont 5 chœurs et 1 chanterelle, et sa table d’harmonie est percée d’une rosace richement décorée. Le manche, fretté, se termine par une tête droite avec des chevilles placées latéralement pour l’accordage). (La viola “de mano” est jouée à la main, la viola “da gamba” est jouée à l’archet).
- La guitare renaissance, un instrument à quatre ordres, utilisé à la fois pour l’accompagnement et pour les pièces solistes. C’est une version plus simple et populaire de la vihuela. Différentes versions de la guitare ont coexisté, des guitares à cinq ordres verront le jour au XVIe siècle (on en trouve trace dans les tablatures de Juan Bermudo, Adrian Le Roy), c’est le modèle qui s’imposera à la période baroque (XVIIe et XVIIIe siècles).
- La guitarrina, (guiterne dans sa francisation) souvent considérée comme une ancêtre de la guitare moderne a pourtant coexisté avec les guitares renaissance et baroque et a été principalement utilisée entre le XVIe et le XVIIIe siècle (elle peut être constituée de 3, 4 ou 5 cordes simples ou doublées ; elle est jouée avec un plectre ou aux doigts). Morphologie : demi-poire et monoxyle ; manche fretté, cordes en boyau.
Notabene
Notons que le luth, largement répandu en Europe à partir de la Renaissance évoluera en augmentant le nombre de chœurs (cordes doublées), passant progressivement de 6 à 13 jusqu’à la période Baroque, non sans donner naissance à une riche famille : Luth soprano, Luth alto ou ténor, Luth basse, Archiluth, Théorbe. Le jeu se fait ici exclusivement aux doigts avec une position de main droite et une attaque inverse de celle de la guitare.
On développa sur la guitare des techniques de jeu spécifiques (alzapua, rasgueado) capables d’apporter une grande dynamique rythmique et expressive avec beaucoup de caractère, ce qui en fera un instrument fort utile dans l’accompagnement du chant, des danses, de l’orchestre et des petits ensembles baroques. Ces techniques spécifiques ont été depuis abandonnées dans le jeu de la guitare classique moderne (depuis le XIXe siècle) mais sont restées en usage jusqu’à nos jours dans le flamenco. Notons aussi que jusqu’au XIXe, les frettes posées sur les manches sont en boyaux et sont amovibles pour adapter l’accord au “tempérament” (voir ci-après) et que l’ensemble des instruments ci-nommés dispose de cordes en boyau (et non en métal).
Frettes ajustables et barettes fixes…
Le Oud (luth oriental) (à l’origine du luth occidental) dispose d’un manche lisse (non fretté) (comme la guitarra morisca). L’absence de frettes permet au musicien de jouer les micro-intervalles caractéristiques des modes musicaux orientaux (maqâm), qui nécessitent une grande liberté dans l’intonation des notes. A contrario, la frette définit la note avec précision sans permettre de variations (si toutefois certains instruments en Occident n’ont pas de frette, comme le violon, la précision de la note est exigée et les micro-intervalles sont exclus).
Notons la similitude avec le chant : mélismatique en Orient, syllabique en Occident (l’un glisse, l’autre découpe. Il faut écouter). La nature des instruments révèle certainement un trait d’esprit et de caractère dans la façon d’être au monde et de le concevoir, c’est aussi, certainement, le reflet des propriétés linguistiques et des caractéristiques phonétiques, qui forment le goût et l’oreille d’une société et orienteront l’esthétique et les pratiques musicales.
Jusqu’à la fin du XVIIIe, les frettes resteront mobiles (ajustables, de façon à s’adapter au jeu modal qui accompagne la notion de tempérament). Ce n’est qu’au XIXe siècle que les frettes deviendront les “barrettes” fixes de la guitare. Cette nouveauté est consécutive aux nouveaux principes harmoniques et à l’étalonnage des intervalles égaux fixé par Johann Sebastian Bach au milieu du XVIIIe siècle (le clavier bien tempéré). Cette redéfinition des choses annonce de grands changements dans la façon d’élaborer la composition (tonalité, modulation, harmonie).
Le potentiel polyphonique
L’éducation musicale, prisée par la haute société, faisait autrefois partie intégrante de la formation d’un individu, contribuant à l’éducation du goût et de l’esprit. Cette valorisation se maintiendra dans la société bourgeoise du XIXe siècle, avant de disparaître au XXe siècle, avec l’émergence d’une classe de nouveaux riches moins attachés à la qualité de l’âme qu’aux capitaux engendrés par les affaires. Par ailleurs, l’émergence de la “culture de masse” (radio, cinéma, télévision…) a progressivement standardisé les rapports, s’infusant et modélisant “aussi” les classes privilégiées pour finalement niveler vers le bas l’ensemble de la société…
Le potentiel polyphonique d’un instrument constitue une valeur distinctive. Il permet non seulement d’explorer des textures harmoniques complexes, mais aussi d’enrichir et de structurer les idées musicales (composition).
Ainsi, les luths (et le clavecin lorsqu’il se développera au XVIIe) seront les attributs des hommes instruits et de la haute société. Petite anecdote… Louis XIV, sans doute plus enclin à la danse qu’à l’apprentissage de l’instrument, se sera contenté de jouer la guitare. Robert de Visée, luthiste du Roi, peu favorable à l’expressivité de la guitare espagnole et ses rasgueados si typiques (que Louis XIV appréciait parait-il beaucoup) fit son possible pour en éviter l’emploi.
Chronologie
XIIIe siècle, fin du Moyen-âge
Vers la fin du XIIIᵉ siècle, l’utilisation du luth et de la guitare se répand en Europe (depuis l’Espagne). La Vihuela, reine en Espagne, aura moins de succès. “En Europe”, c’est à dire essentiellement en Italie, en France, en Allemagne et en Angleterre avec un attrait plus marqué pour la guitare dans les pays latins comme l’Italie et la France.
XVIᵉ siècle, fin Renaissance (une graine est semée)
Introduction de la guitare en Amérique-latine
La guitare a été introduite en Amérique latine au cours de l’expansion coloniale, principalement au XVIᵉ siècle, à la suite des voyages des conquistadors espagnols et portugais.
Avec le temps, la guitare a joué un rôle central dans la musique populaire et traditionnelle de nombreux pays latino-américains.
Ça ne sera qu’au XXe siècle que son répertoire académique sera constitué, notamment sous l’impulsion des courants nationalistes ayant besoin d’affirmer leur identité et leur présence sur la scène internationale. Ainsi les compositeurs d’Amérique-latine ont largement contribué à colorer et enrichir le répertoire de la guitare classique moderne. (compositeurs du XXe siècle : Heitor Villa-Lobos, Agustín Barrios Mangoré, Manuel Ponce, Leo Brouwer…)
XVIIᵉ et XVIIIe siècles, la Guitare Baroque
La guitare baroque se distingue par l’ajout d’une cinquième corde, stabilisant la forme de l’instrument et le rendant encore plus polyvalent dans l’accompagnement de danses ou dans les compositions plus savantes. (compositeurs : Gaspar Sanz, Francisco Guerau, Robert de Viseé, Giovanni Battista Granata…) La guitare était bien intégrée dans le monde de la musique savante au XVIIe et au début du XVIIIe siècle, avec une place notable dans les cours royales et aristocratiques, en particulier sous Louis XIV, qui pratiquait lui-même la guitare, la guitare était employée dans les ensembles orchestraux, les danses de cour et la musique de chambre.
La guitare a connu une forme de déclin au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Alors que des instruments comme le piano (piano-forte fin XVIIIe) et le violon gagnaient en prestige et en répertoire, la guitare a été davantage associée à la musique populaire ou à des usages plus intimistes.
A la période “Classique” (1750-1820), la guitare avait disparu de l’intérêt des compositeurs à la recherche de l’équilibre tant sur le timbre des instruments que la clarté dans la forme, une structure plus simple et des lignes mélodiques élégantes (nous penserons aux quatuors à cordes de Josef Haydn, au concerto, à la symphonie et à la musique de Mozart). La taille de l’orchestre classique augmenta progressivement. Alors que l’orchestre baroque était dominé par les cordes, l’orchestre classique intègre davantage les vents (flûtes, clarinettes, hautbois, bassons) et les cuivres (cors, trompettes) pour des textures orchestrales plus variées.
XIXᵉ siècle, la Guitare Romantique
Même durant son déclin relatif à la fin du XVIIIe siècle, la guitare est restée présente dans les traditions musicales populaires, en particulier en Espagne et en Italie. Elle n’a donc jamais complètement disparu.
Le passage à l’ère romantique au début du XIXe siècle a été favorable à la guitare. L’expression personnelle et intimiste que valorisait cette époque a donné à la guitare une place idéale. Elle se prêtait parfaitement aux salons bourgeois, où la musique de chambre et les récitals étaient prisés.
Des compositeurs et guitaristes virtuoses comme Fernando Sor, Dionisio Aguado, Carcassi, Mauro Giuliani… ont joué un rôle central dans la renaissance de la guitare. Ils ont non seulement composé des œuvres de grande envergure, mais ont aussi enseigné et diffusé la technique de l’instrument à travers l’Europe. Leurs contributions ont donné à la guitare une plus grande légitimité dans la musique classique et instrumentale.
On parle de la “guitaromania”. La lutherie, largement répandue en Espagne, se développa également chez nous. C’est à cette époque de grands changements que les luthiers s’engageront dans la “rénovation” de la guitare : on lui ajoutera une sixième corde (parfois même une septième) et le système de chœur (cordes doublées) sera abandonné. Les innovations de lutherie permettront d’élargir la table d’harmonie et de redéfinir la sonorité de l’instrument, marquant ainsi le passage vers la guitare classique moderne.
Constater l’étendue des choses est en soi une première étape dans leur considération mais en connaître la raison permet d’entrer dans leur profondeur et la compréhension véritable.
Les transformations et le passage vers la guitare romantique semblent suivre une voie naturelle. A l’heure où l’on tente de lui redonner ses lettres de noblesse et faire valoir ses facultés polyphoniques, l’ajout d’une sixième corde (voir d’une septième) afin de permettre une extension de la tessiture apparaît évident. De même, dans une époque démonstrative où la virtuosité est de mise, l’abandon des cordes doublées (choeurs) semble tout à fait pertinent dans la mesure où cela apporte plus de fluidité dans le jeu et une meilleure clarté sonore dans les accords et les lignes mélodiques.
Ces innovations sont attribuables aux luthiers français et italiens (René François Lacôte —1785-1855—, Gennaro Fabricatore et Gaetano Guadagnini) et à leur collaboration avec les guitaristes eux-mêmes (Sor, Giuliani, Aguado…)(Paris étant à cette époque un carrefour culturel et musical, nombreux sont les guitaristes espagnols ou italiens qui sont venus s’y installer de façon ponctuelle ou permanente). L’Espagne rejoint la course à l’innovation et marquera encore l’histoire de l’instrument à la fin du siècle à travers la figure emblématique du luthier Antonio de Torres qui mettra au point la forme et les proportions de la guitare moderne actuelle.
Si les traités et les méthodes d’apprentissage étaient rares et peu accessibles avant cette période (voir référence en bas de page) elles se développeront largement au XIXe (non sans l’aide des éditeurs — Richault ou Schonenberger — qui profiteront de cet engouement et s’occuperont de leur diffusion).
Ces méthodes ont établi (et redéfini) les règles de jeu de l’instrument. On aura écarté les techniques très caractéristiques de la guitare baroque (sans doute jugées “trop espagnoles” ou “pas assez distinguées” pour la société parisienne…) Rappelons encore une fois qu’à cette époque, Paris est le symbole d’une société nouvelle et devient un pôle d’attraction (c’est le temps des premières “expositions universelles”), de nombreux guitaristes espagnols et italiens viendront s’y installer (certains se feront naturaliser Français).
Le XIXe siècle marque un tournant dans l’histoire de la guitare, lorsque les guitaristes commencent à délaisser les tablatures, longtemps utilisées pour l’écriture musicale, au profit de la portée solfégique. Cette démarche n’est pas tant un choix pratique qu’une quête de reconnaissance et de légitimité au sein de la musique savante.
A une époque où l’esthétique musicale se transforme, la technique de la main droite des guitaristes devient un sujet de débat, notamment autour de l’usage des ongles pour pincer les cordes. Bien que la tendance à jouer avec ongles ait fini par s’imposer de nos jours, la question reste ouverte. Historiquement, les instruments à cordes pincées, comme le luth, étaient joués sans ongles, avec la pulpe des doigts pour un son plus tendre, en opposition à la guitare baroque espagnole, où les ongles étaient plus fréquents. La guitare romantique française semble avoir privilégié le jeu sans ongles, reflétant une sensibilité esthétique différente (par exemple, Fernando Sor préconisait le jeu sans ongle). L’usure des cordes en boyau plus fragiles peut aussi présenter une bonne raison pour faire valoir ce choix. Avec l’arrivée de cordes en nylon (~1950) cette problématique de l’usure ne se pose plus.
(compositeurs : Fernando Sor, Dionisio Aguado, Matteo Carcassi, Mauro Giuliani, Johann Kaspar Mertz…)
XIXᵉ-XXe siècle, la guitare Moderne
L’Espagnol Antonio de Torres est considéré comme le père de la guitare moderne. Ses innovations, les proportions générales, l’élargissement du manche, et notamment l’agrandissement (encore) de la caisse de résonance et le développement de la structure interne de la guitare (barre de renfort), permettront de donner à l’instrument une puissance sonore inégalée, inspirant la forme des guitares classiques actuelles.
On peut distinguer au moins deux types de guitares en usage depuis cette époque : les guitares flamencas (pour la musique de tradition populaire espagnole) et les guitares dites “classiques“, destinées à un répertoire académique plus international.
Ce qui les distingue l’une de l’autre n’est pas tant la morphologie apparente que les propriétés acoustiques qui résultent de la nature des bois utilisés (voir article “acheter une guitare”) (compositeurs : Francisco Tárrega, l’un des pères de la guitare moderne, et ses disciples : Emilio Pujol, Miguel Llobet, Daniel Fortea, José Viñas, … et les héritiers : Andrés Segovia, Alexandre Lagoya, Narciso Yepes, Julian Bream, John Williams…)
XXe siècle, Guitare folk et guitare électrique (américaine)
La lutherie d’Amérique du Nord s’est installée au XIXe siècle et s’est développée autour des années 1920 sur la base d’une transformation complète des us et coutumes de la tradition espagnole et européenne : la nature des cordes est passée du boyau à l’acier !! Un véritable schisme… Cet instrument d’un genre nouveau, conçu spécifiquement pour le répertoire folk-américain, devait fournir une puissance sonore décuplée et être joué avec un plectre (médiator). La conception ainsi que l’esthétique sonore et musicale de cet instrument s’est à tel point éloignée de la guitare traditionnelle qu’un choix déterminant se pose aujourd’hui à celui qui débute et souhaite acheter sa première guitare.
Avec l’avènement de l’électrification de la musique dans les années 1930, la guitare américaine s’est donnée des ailes. Des figures comme Les Paul ou Leo Fender ont transformé l’instrument, rénovant à nouveau son utilisation et son image dans la culture populaire, tout un symbole pour une génération “rock’n’roll”, en rupture avec la tradition.
Ce répertoire populaire américain a investi l’espace européen à la sortie de la Seconde Guerre mondiale notamment par l’effet de stratégies de conquêtes idéologiques et commerciales (“Soft power”, conquête par la séduction et la société du spectacle)(Plan Marshall, 1947).
Conclusion
Si la guitare espagnole est célébrée dans les pays d’Amérique latine et en Espagne au point d’être élevée au rang d’emblème national, ce n’est pas le cas en Europe où d’une part, les instruments à cordes pincées (luth et clavecin) ont disparu avec la fin de l’Ancien Régime et d’autre part, parce que nous avons une longue histoire avec la “musique d’orchestre” (tout instrument n’étant pas ou rarement utilisé dans l’orchestre est considéré comme “mineur”). Même si la guitare a connu des heures de gloire au XIXe et que des compositeurs de génie ont produit pour elle un répertoire digne d’intérêt (et même des concertos), la guitare restera marginale dans la musique d’orchestre et mettra longtemps avant d’être intégrée dans les conservatoires de musique. L’enseignement de la guitare dans les conservatoires coïncide en grande partie avec les efforts d’Andrés Segovia (1893-1987) pour légitimer la guitare en tant qu’instrument classique à part entière. Le Conservatoire de Paris, par exemple, n’ouvrira sa première classe de guitare classique qu’en 1969, sous la direction d’Alexandre Lagoya. Cette évolution s’est accélérée dans les décennies suivantes. Les années 1970 et 1980 voient une nette expansion de l’enseignement de la guitare classique dans de nombreuses écoles de musique et conservatoires à travers le monde, offrant une reconnaissance plus large et une structuration pédagogique de cet instrument.
Même si cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation des parts de marché au sens commercial et qu’elle n’atteint pas la l’audience des classes populaires, le milieu de la guitare classique est actif et dynamique, avec des festivals, des compétitions et des projets éducatifs qui continuent de faire des émules. Selon diverses sources, les conservatoires français, qu’ils soient à rayonnement régional (CRR) ou départemental (CRD), continuent à attirer de nombreux étudiants, y compris dans les disciplines de guitare classique. Chaque année émergent de nouveaux talents et de (très) jeunes virtuoses portent avec brio le répertoire de la guitare classique sur la scène internationale et à travers les réseaux sociaux.
Bien que la guitare électrique (son répertoire et ses moeurs) se soit largement imposée dans le monde, la “guitare espagnole” au sens large (classique et flamenca) n’a pas cessé d’être en usage dans le contexte qui est le sien : celui de la tradition populaire espagnole et sud-américaine et celui de la musique classique académique. Guitare électrique et guitare espagnole sont des mondes qui se côtoient assez peu.
La pratique de la “guitare électrique”, emblématique du genre “rock” tend à perdre de son influence. Le “Rock” étant aujourd’hui supplanté par le “Rap” (qui touche 78% de la jeunesse de 14 à 24 ans en France contre 10 à 15% pour le Rock).
Et demain…
Si l’AI est aujourd’hui en mesure de réaliser instantanément des “compositions” sur demande et qu’il sera sans doute demain capable de le faire avec beaucoup de subtilité et avec un réalisme sonore bluffant, vient à se poser la question de la pratique instrumentale et de la maîtrise par l’homme de la composition…
Quelles que soient les capacités de l’AI, pour celui qui y prend goût, la pratique instrumentale s’intègre dans notre existence comme “une hygiène de vie” au même titre qu’un art martial, il ne s’agit pas seulement de “jouer un morceau” mais d’accomplir un acte en soi qui engage bien davantage que cela. La pratique instrumentale et plus largement le rapport à la musique, a de nombreuses facultés thérapeutiques et grandit celui qui s’y adonne (détermination et dépassement de soi, éveil des sens, développement de la motricité, du touché, de l’attention, de l’écoute, de la mémoire, retardement des maladies psychomotrices, etc.)
liste des instruments à cordes pincées.
Instruments à cordes pincées d’Europe :
- Luth
- Guitare classique
- Guitare flamenca
- Guitare folk
- Guitare électrique
- Mandoline
- Mandole
- Cithare (Europe centrale)
- Citole (Europe médiévale)
- Balalaïka (Russie)
- Bandura (Ukraine)
- Bouzouki (Grèce, Irlande)
- Cavaquinho (Portugal, Brésil)
- Harpe (Irlande, Écosse)
- Zither (Allemagne, Autriche)
- Psalterion (Moyen Âge, Europe)
- Clavecin et ses déclinaisons : Épinette, Virginal, Clavicitherium, Lautenwerck
Instruments à cordes pincées du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord :
- Oud (Moyen-Orient, Afrique du Nord)
- Saz (Turquie)
- Baglama (Turquie)
- Qanûn (Moyen-Orient)
- Tanbur (Turquie, Iran)
- Bouzouk (Égypte)
- Setar (Iran)
- Rabab (Moyen-Orient, Afrique du Nord)
- Tar (Iran)
- Dotar (Asie centrale, Iran)
- Barbat (Persan, ancêtre de l’oud)
- Tambur (Turquie, Asie centrale)
- Cümbüş (Turquie)
Instruments à cordes pincées d’Asie :
- Sitar (Inde)
- Tanpura (Inde)
- Veena (Inde)
- Saraswati veena (Inde)
- Rudra veena (Inde)
- Esraj (Inde)
- Sarod (Inde)
- Rabab afghan (Afghanistan, Pakistan)
- Dotara (Bengale, Assam)
- Pipa (Chine)
- Guqin (Chine)
- Guzheng (Chine)
- Dan tranh (Vietnam)
- Koto (Japon)
- Shamisen (Japon)
- Biwa (Japon)
- Gayageum (Corée)
- Yueqin (Chine)
- Morin khuur (Mongolie)
- Komuz (Kirghizistan)
Instruments à cordes pincées des Amériques :
- Charango (Amérique du Sud, Andes)
- Cuatro (Venezuela, Porto Rico)
- Tres (Cuba)
- Tiple (Colombie, Porto Rico)
- Ukulélé (Hawaï)
- Bandolín (Mexique, Amérique centrale)
- Bandurria (Espagne, Amérique latine)
- Requinto (Mexique)
- Bajo sexto (Mexique)
- Jarana (Mexique)
- Guitarrón (Mexique)
- Ronroco (Bolivie)
Instruments à cordes pincées d’Afrique :
- Kora (Afrique de l’Ouest)
- Ngoni (Afrique de l’Ouest)
- Krakebs (Maroc, Afrique du Nord)
- Adungu (Ouganda)
- Bolon (Guinée)
- Xalam (Sénégal)
- Enanga (Ouganda, Rwanda)
- Simsimiyya (Égypte, Soudan)
Instruments à cordes pincées d’Océanie et des îles du Pacifique :
- Ukulélé (Hawaï)
- Kamaka (Polynésie)
- Tahiti ukulele (Tahiti)
- To’ere (Îles du Pacifique, parfois utilisé avec percussion)
Instruments à cordes pincées électriques (XXᵉ siècle et après) :
- Guitare électrique (États-Unis)
- Basse électrique
- Chapman Stick
- Steel guitar
- Dobro (guitare à résonateur)
- Pedal steel guitar
Liens externes d’intérêts
Pequeña historia de la guitarra
Reseña historica de la guitarra
The Venezuelan cuatro: continuity and evolution with respect to the Renaissance guitar