Yiannis Efstathopoulos
Quand la guitare espagnole retrouve sa nature et sa sonorité authentique… Elle devient Sublime !
Yiannis Efstathopoulos est un guitariste grec, né à Drama, dans le nord de la Grèce, spécialisé dans la musique espagnole, de la Renaissance au XXe siècle. Il commence son apprentissage musical dès son plus jeune âge. Il poursuit ses études au Conservatoire d’État de Thessalonique, avant d’obtenir un doctorat à la Vrije Universiteit Brussel ainsi que deux masters en musique classique et musique ancienne au Conservatoire Royal de Bruxelles.
Sa démarche musicale et ses interprétations mettent en avant une recherche d’authenticité historique, notamment à travers l’utilisation de guitares fidèles à la tradition espagnole de Torres, qu’il joue avec des cordes en boyau. Yiannis Efstathopoulos redonne vie aux répertoires historiques de la guitare espagnole et transmet à son public la richesse de leur sonorité authentique.
La guitare au XIXe
XIXe siècle : réformes sociales et changement de paradigmes, rénovation de tout et du tout au tout. La guitare n’est pas en reste. Si elle a échappé au bûcher de la révolution libérale ça n’est pas sans conditions, il lui aura fallu faire peau neuve et refréner ses ardeurs. Il lui aura surtout fallu abandonner sa langue, refaire sa grammaire et se conformer aux mœurs de la société bourgeoise.
Plus de rasgueado ! plus de abanico ! …Contenez votre fougue mademoiselle ! Désormais, vous soignerez le ton et comme tout le monde, vous vous tiendrez à l’exercice de la virtuosité.
Rentrez le ventre et gonflez un peu la taille ! Embourgeoisez-vous, ajoutez donc une corde ou deux à votre jeu et abandonnez vos choeurs et vos cordes tendres ! Abandonnez également les tablatures que vous utilisiez depuis des siècles et conformez vous à la portée et l’écriture solfégique comme vos confrères. N’allez pas vous prendre pour une reine comme à la cours d’autrefois et même si les gens vous aiment, pour l’orchestre n’y comptez pas trop, la portance de votre voix est trop faible et l’assemblage à vos semblables, disgracieux, mais pour nos petits salons feutrés, vous ferez bien l’affaire.
Apprenez donc à composer dans l’air du temps et concevez un tout nouveau répertoire sans garder trace de vos anciennes coutumes !
Ici encore, l’inspiration des serviteurs de la guitare n’aura pas manqué d’invention pour élaborer une musique raffinée et pleine de poésie. En voici quelques uns (même si Paris fait tourner les têtes et attire alors par ses « lumières » au point de faire des conversions de nationalité, reconnaissons aux natures espagnoles et italiennes la primauté en matière de guitare) :
((1)) Guitare baroque des XVIIe et XVIIIe siècles, montée de 4 chœurs (cordes doublées) et d’une chanterelle (première corde non doublée). On lui connait au moins trois accordages différents (Espagnol, Français, Italien) dont l’utilisation d’un « accord rentrant » impliquant des particularismes de jeu. ((2)) Guitare romantique du XIXe cordée avec 6 cordes simples (mi, si, sol, ré, la mi)
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Op. 333: No. 1 Moderato — par Uros Baric — Source : YouTube
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Grande Sonata Op 25 — par Petrit Çeku — Source : YouTube
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Guitar Concerto No. 1 in A major, Op. 30 — par Pepe Romero (en 1974) — Source : YouTube
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Introduction and Rondo no. 2 Op. 2 — par Drew Henderson — Source : YouTube
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Etude 7, Op.60 by Matteo Carcassi — par Simon Powis — Source : YouTube
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Le Départ — par Aniello Desiderio — Source : YouTube
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Elegy — par Karol Samuelčík — Source : YouTube
Musique au XIXe
Du XIXe siècle émerge une société nouvelle marquée par une redistribution des cartes. Marianne (la révoltée) vient de renverser Marie (la Vierge) et l’engeance de ses entrailles s’est emparée du trône de France. C’est le temps des grandes réformes, on soigne les apparences, on construit les nouveaux mythes. Versailles est abandonnée au profit de l’Hôtel de Ville. On rase le passé, on refait Paris et on refait l’histoire. Jules Michelet réécrit le Roman national et Napoléon s’en va en guerre pour le compte des nouveaux maîtres. La pensée des « Lumières » préfigurait l’élaboration d’une société matérialiste et sans Dieu, c’est ici qu’elle s’accomplie. C’est à cette époque également qu’émergeront des courants occultes de toutes sortes pour combler le vide de l’homme désormais face à lui-même.
Le XIXe, c’est aussi l’époque de nouvelles technologies (électricité, pétrole, matières synthétiques, machines, usines, locomotive, voiture motorisée, photographie, etc.) Que de merveilles, de maîtrise et de puissance pour occuper cette société en plein essor et en pleine effervescence…
En musique également, de grandes mutations s’accomplissent. On abandonne l’écriture contrapuntique pour l’harmonie. On opère une élévation du diapason, les cordes se tendent, le ton se durci, les exigences des compositeurs s’inscrivent sur les partitions et l’interprète perd les libertés qui lui étaient accordées…
C’est dans cette société triomphante, désireuse d’asseoir son autorité et l’éclat de sa puissance, que le nombre des pupitres d’orchestre augmente au point d’atteindre parfois des proportions colossales (face aux oeuvres intimistes qui se donnent par ailleurs dans les salons de la bonne bourgeoisie, le contraste est saisissant). L’époque est dans la démonstration de puissance, la « performance technique » sera valorisée et on cultivera le goût pour la virtuosité.
Après avoir défenestré et jeté au bûcher les luths et les clavecins pour « communion d’esprit » avec celui que l’on révoque, on installera sur le devant de la scène un instrument d’un « nouveau genre » : le piano.
Le piano maîtrise l’espace et s’impose, c’est une voix qui porte, qui résonne, qui peut exploiter les effets et les nuances, frapper fort ou caresser, ébranler, éblouir, émouvoir… impressionner le corps et la matière… De ces « nouvelles compétences » naîtra une « nouvelle musique », celle des Romantiques. C’est le temps des poètes maudis, où le pathétique se cultive comme un raffinement d’esprit, c’est le temps de la mélancolie exaltée.
Hasard de conjoncture, affaire de goût ou intention symbolique… quoi qu’il en soit, par la nature qui le fait, le piano se passera de l’art de l’ornementation (développé pour le clavecin) pour construire un langage musicale qui lui est propre.
La tentation est forte d’attribuer à l’homme du XIXe siècle le complexe de Narcisse, tourné vers lui-même et préoccupé à exprimer la profondeur des sentiments qui l’agitent avec une quasi « pornographie des affectes » (véritable contrepied à l’esprit du XVIIIe), mais devant la grâce et la beauté des oeuvres sublimes qu’il nous lègue, emporté par l’émoi, le coeur est acquis et la critique s’efface.
Voici quelques figures emblématiques de cette société :
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Symphony No.7 en La majeur op.92, 2e mouvement, allegretto — par Leonard Bernstein et le Wiener Philharmoniker — Source : YouTube
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La campanella — Source YouTube
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Der Leiermann — par Thomas Quasthoff et Daniel Barenboim — Source : YouTube
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Nocturne, op 9 no2 – par Maria João Pires – Source YouTube
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Franz Liszt par Louis Robillard à l’orgue du Grossmünster de Zürich — Source : YouTube
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Wesendonck Lieder, ‘Im Treibhaus’ — avec la voix de Jessye Norman — Source YouTube
Au XIXe siècle, se parallèlisent et se succèdent différents courants picturaux, dont le néo-classicisme, le romantisme, le symbolisme, l’impressionnisme, le naturalisme, le néo-impressionnisme, et les débuts du fauvisme. Ci-dessous, un petit panel de genres à travers lesquels on peut apprécier des esthétiques, des sujets, et des différences de traitement très contrastés.
En littérature, c’est le siècle des Nodier, Stendhal, Lamartine, Michelet, Balzac, Vigny, Hugo, Nerval, Musset, Flaubert, Baudelaire, Verne, Zola, Daudet, Mallarmé, Verlaine, Maupassant, Rimbaud, Barrès, Alain, Valéry, Rostand, Maurras, Bainville, Bonnard…
Musique et instruments
L’instrument offre des possibilités originales à celui qui veut travailler la matière sonore. Si le jeu du clavecin s’accompagne d’un art de l’ornementation, c’est très probablement la nature même de l’instrument qui y a poussé.
Contrairement au piano qui permet une action importante sur l’intensité du son et la gestion de la résonance, le clavecin pour sa part ne le permet pas. Le son du clavecin est droit, court et l’intensité de la note n’est pas « ajustable ». Ainsi, pour agrémenter et nourrir la part expressive dans le jeu, on use d’un principe d’ornementation, c’est une façon de jouer sur « l’intensité », non pas par le « volume sonore » mais par « l’insistance » permettant la mise en valeur de certaines notes ou d’articulations du texte (intensité et insistance sont soeurs).
L’ornementation est une façon d’intensifier par un procédé plus intellectuel que physique. C’est là, « l’art de toucher le clavecin » et de le faire chanter…
C’est là tout le caractère et le bel esprit du XVIIIe qui cultive l’art de dire avec élégance, avec noblesse, avec de la tenue et de la retenue.
Sublime !! les 555 Sonates de Domenico Scarlatti jouées par des figures majeures du Clavecin, ici (Merci France-musique !) : https://www.youtube.com/hashtag/scarlatti555
Schémas d’ornementations :
Edin Karamazov
En voici un autre… de guitariste « hors des standards ».
On retrouve chez lui un « sens du phrasé » typique des Jazzman avec un jeu souple et une éloquence naturelle. Ici, on est loin des raideurs institutionnelles, la musique vie et respire… Karamazov entre dans la matière, il la travaille, il l’accroche et la modèle généreusement.
Tango !
En tête d’affiche, Rubén Juárez, bandonéoniste de Buenos Aires, personnage charismatique et envoutant qui accompagne ici la grande Amelita Baltar un titre mythique.
Enfants prodiges
Ils se distinguent par des compétences exceptionnelles, d’autant plus saisissantes qu’elles émergent dès l’enfance.
Ritsu joue Bach, Haydn, Grieg, Khachaturian, voir ici https://youtu.be/GOUzcrihR1k?feature=shared
Carles Trépat
Carles Trepat est un guitariste catalan né Lérida en 1968. Il joue sur une authentique guitare d’Antonio de Torres de 1892 cordée en boyau et en soie.
Carles Trepat est comme sa guitare, hors du temps et des standards. Ici, il n’y a rien de surfait, rien d’ostentatoire, rien de démonstratif… la musique se vit intimement et se livre comme une confidence. Carles Trepat n’interprète pas un répertoire, il le perpétue !
1 heure de concert exceptionnel :
Sergueï Rachmaninov
« Sergei Rachmaninov (alias Serge Rachmaninoff 1873-1943) était un pianiste et compositeur russe surtout connu pour ses concertos pour piano et ses symphonies. Il surmonta les ravages de la critique et plusieurs années de dépression pour créer des œuvres qui sont aujourd’hui parmi les plus populaires et les plus jouées de tous les compositeurs du XXe siècle. Rachmaninov est le dernier du groupe de compositeurs connus sous le nom de “romantiques russes”. » (https://www.worldhistory.org)
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