Musique au XIXe
Du XIXe siècle émerge une société nouvelle marquée par une redistribution des cartes. Marianne (la révoltée) vient de renverser Marie (la Vierge) et l’engeance de ses entrailles s’est emparée du trône de France. C’est le temps des grandes réformes, on soigne les apparences, on construit les nouveaux mythes. Versailles est abandonnée au profit de l’Hôtel de Ville. On rase le passé, on refait Paris et on refait l’histoire. Jules Michelet réécrit le Roman national et Napoléon s’en va en guerre pour le compte des nouveaux maîtres. La pensée des « Lumières » préfigurait l’élaboration d’une société matérialiste et sans Dieu, c’est ici qu’elle s’accomplie. C’est à cette époque également qu’émergeront des courants occultes de toutes sortes pour combler le vide de l’homme désormais face à lui-même.
Le XIXe, c’est aussi l’époque de nouvelles technologies (électricité, pétrole, matières synthétiques, machines, usines, locomotive, voiture motorisée, photographie, etc.) Que de merveilles, de maîtrise et de puissance pour occuper cette société en plein essor et en pleine effervescence…
En musique également, de grandes mutations s’accomplissent. On abandonne l’écriture contrapuntique pour l’harmonie. On opère une élévation du diapason, les cordes se tendent, le ton se durci, les exigences des compositeurs s’inscrivent sur les partitions et l’interprète perd les libertés qui lui étaient accordées…
C’est dans cette société triomphante, désireuse d’asseoir son autorité et l’éclat de sa puissance, que le nombre des pupitres d’orchestre augmente au point d’atteindre parfois des proportions colossales (face aux oeuvres intimistes qui se donnent par ailleurs dans les salons de la bonne bourgeoisie, le contraste est saisissant). L’époque est dans la démonstration de puissance, la « performance technique » sera valorisée et on cultivera le goût pour la virtuosité.
Après avoir défenestré et jeté au bûcher les luths et les clavecins pour « communion d’esprit » avec celui que l’on révoque, on installera sur le devant de la scène un instrument d’un « nouveau genre » : le piano.
Le piano maîtrise l’espace et s’impose, c’est une voix qui porte, qui résonne, qui peut exploiter les effets et les nuances, frapper fort ou caresser, ébranler, éblouir, émouvoir… impressionner le corps et la matière… De ces « nouvelles compétences » naîtra une « nouvelle musique », celle des Romantiques. C’est le temps des poètes maudis, où le pathétique se cultive comme un raffinement d’esprit, c’est le temps de la mélancolie exaltée.
Hasard de conjoncture, affaire de goût ou intention symbolique… quoi qu’il en soit, par la nature qui le fait, le piano se passera de l’art de l’ornementation (développé pour le clavecin) pour construire un langage musicale qui lui est propre.
La tentation est forte d’attribuer à l’homme du XIXe siècle le complexe de Narcisse, tourné vers lui-même et préoccupé à exprimer la profondeur des sentiments qui l’agitent avec une quasi « pornographie des affectes » (véritable contrepied à l’esprit du XVIIIe), mais devant la grâce et la beauté des oeuvres sublimes qu’il nous lègue, emporté par l’émoi, le coeur est acquis et la critique s’efface.
Voici quelques figures emblématiques de cette société :
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Symphony No.7 en La majeur op.92, 2e mouvement, allegretto — par Leonard Bernstein et le Wiener Philharmoniker — Source : YouTube
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La campanella — Source YouTube
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Der Leiermann — par Thomas Quasthoff et Daniel Barenboim — Source : YouTube
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Nocturne, op 9 no2 – par Maria João Pires – Source YouTube
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Franz Liszt par Louis Robillard à l’orgue du Grossmünster de Zürich — Source : YouTube
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Wesendonck Lieder, ‘Im Treibhaus’ — avec la voix de Jessye Norman — Source YouTube
Au XIXe siècle, se parallèlisent et se succèdent différents courants picturaux, dont le néo-classicisme, le romantisme, le symbolisme, l’impressionnisme, le naturalisme, le néo-impressionnisme, et les débuts du fauvisme. Ci-dessous, un petit panel de genres à travers lesquels on peut apprécier des esthétiques, des sujets, et des différences de traitement très contrastés.
En littérature, c’est le siècle des Nodier, Stendhal, Lamartine, Michelet, Balzac, Vigny, Hugo, Nerval, Musset, Flaubert, Baudelaire, Verne, Zola, Daudet, Mallarmé, Verlaine, Maupassant, Rimbaud, Barrès, Alain, Valéry, Rostand, Maurras, Bainville, Bonnard…